Liquider sa retraite et continuer une activité professionnelle… c’est possible ?

20 Mai, 2021

Pour certains français, l’approche de la retraite est anxiogène : sentiment d’inutilité et perte de sens, choc émotionnel, remise en question de son identité sociale, comme si la liquidation des droits marquait une rupture définitive avec « la vie d’avant ». Pour d’autres au contraire, la retraite est attendue avec impatience, comme une bénédiction pour enfin profiter de la vie. Seule ombre au tableau : la pension attendue sera bien faible pour financer les extras, les voyages, les sorties… En clair, le passage à la retraite pose à la fois une contrainte morale et une contrainte financière. Heureusement, le législateur propose des solutions à ce double problème : les systèmes de retraite progressive et de cumul emploi-retraite. Assez peu répandus il y a 5 ans, ces mécanismes connaissent aujourd’hui un succès grandissant. Ils permettent aux bénéficiaires une insertion progressive à la retraite, tout en augmentant leurs ressources et leur niveau de vie.

A qui ces systèmes s’adressent-ils ? Quels en sont les avantages ? Voici en synthèse le décryptage de ces formidables leviers pour vivre une belle transition vie active/retraite.

Le cumul emploi-retraite : une solution pour les personnes déjà à la retraite

Comme son nom l’indique, le « Cumul emploi-retraite » consiste à cumuler une retraite et une activité. Il s’adresse aux salariés et indépendants (TNS) qui ont déjà liquidé leurs droits. Ainsi, les bénéficiaires jouissent à la fois d’une rémunération d’activité et d’une pension de retraite. Mais selon la situation du bénéficiaire, ce cumul peut être « total » ou « plafonné ».

Le cumul emploi-retraite total : possible pour ceux qui ont la durée d’assurance requise

Le cumul emploi-retraite total permet au bénéficiaire d’avoir un revenu d’activité et une pension de retraite sans limitation de montant.

Deux conditions sont à remplir. Tout d’abord avoir liquidé tous ses régimes de retraites de bases ou complémentaires (français ou étrangers). Ensuite, avoir obtenu le « taux plein », c’est-à-dire le nombre de trimestres requis. Par exemple, pour un assuré social né en 1958, il faut 167 trimestres d’assurance pour avoir le taux plein.

Le cumul emploi-retraite plafonné : pour ceux qui n’ont pas la durée d’assurance requise

Il est possible de bénéficier du cumul emploi-retraite sans avoir tous les trimestres requis. Seulement, des règles de plafonnement s’appliqueront ainsi :

Pour le Régime de Base : 98,25% de la pension + revenu d’activité ne pourra pas dépasser la meilleure de ces options [1] :


  • Soit 2 487,33 €/mois ;
  • Soit la moyenne des salaires perçus au cours des trois derniers mois précédant l’admission en retraite.

Points de vigilance

Pour un cumul emploi-retraite plafonné, si vous souhaitez continuer de travailler pour le même employeur, il faudra attendre 6 mois à compter de la date de liquidation de vos droits avant la reprise de la nouvelle activité salariée. Par ailleurs, contrairement à la retraite progressive, le revenu d’activité du cumul emploi-retraite ne permet pas l’acquisition de droits supplémentaires !

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Chemin de fer vers la retraite

La retraite progressive : la solution la plus souple pour les travailleurs encore en poste

Un dispositif accessible dès 60 ans

Beaucoup moins connu que le cumul emploi-retraite, le système de retraite progressive ne concernait « que 2% de l’attribution de droits en 2019 » [2]. Mais son recours est en plein essor depuis ces 5 dernières années (+430%), grâce à l’assouplissement de ses conditions d’accès. Notamment, ce dispositif est accessible dès 60 ans, soit 2 ans avant l’âge légal de liquidation des droits.

Le principe est simple : au lieu de liquider à 100% vos droits, vous réduisez votre activité (travail à temps partiel). Ainsi, vous liquidez seulement une fraction de vos droits, en proportion de cette réduction d’activité. Par exemple, si un salarié négocie avec son employeur un contrat à temps partiel à 60%, il percevra alors 40% du montant de sa pension de retraite.

Une liquidation en 2 temps

Avec la retraite progressive, le bénéficiaire (salarié ou TNS) demande d’abord une « demande de liquidation provisoire », où les droits acquis sont calculés en proportion du ralentissement de son activité. Puis lorsqu’il souhaite mettre un terme définitif à son activité, le bénéficiaire fait alors une « demande de liquidation définitive ». Les droits retraites sont recalculés, en ajoutant les droits supplémentaires acquis pendant la période de retraite progressive.

Pour atteindre le taux plein et effacer les décotes et abattements

Sous réserve de l’accord de l’employeur, même s’il travaille à temps partiel, le salarié peut cotiser sur la base d’un temps plein et ainsi optimiser l’acquisition de trimestres (4 trimestres par an) et de points dans les régimes complémentaires (caisses ARRCO-AGIRC).

Que le bénéficiaire de la retraite progressive soit salarié ou travailleur non salarié, le fait de continuer à cotiser peut lui permettre d’atteindre le fameux « taux plein », c’est-à-dire d’obtenir le nombre de trimestre requis et ainsi annuler toutes les décotes et abattement sur la pension de retraite.

Un bon moyen pour éviter le malus AGIRC ARRCO

Le malus AGIRC ARRCO consiste à appliquer un malus de 10%, pendant 3 ans, sur les retraites ARRCO AGIRC pour les salariés qui décident de liquider leurs droits à l’âge du taux plein. Pour y échapper, il faut attendre 1 an de plus. [3]

Le calcul de ce malus n’est fait que lors de la liquidation définitive des droits. Ainsi, en demandant la liquidation provisoire de ses droits avec la retraite progressive, le salarié est exempté de malus. De plus, en continuant d’acquérir des trimestres avec une activité à temps partiel, le salarié peut ainsi valider plus de trimestres que nécessaires pour le taux plein. Autrement dit, lorsqu’il demandera la liquidation totale de ses droits, sa retraite sera recalculée et le malus ne sera pas appliqué.

Les conditions pour bénéficier de la retraite progressive

  • Avoir au moins 60 ans
  • Justifier d’une durée d’assurance retraite d’au moins 150 trimestres
  • Pour les salariés : exercer une ou plusieurs activités salariées à temps partiel représentant une durée de travail globale comprise entre 40% et 80% de la durée de travail à temps complet
  • Pour les artisans ou commerçants (TNS) : exercer à titre exclusif une activité artisanale ou commerciale.

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Calculer son salaire à la retraite

Choisir le bon mécanisme et établir une stratégie en fin de carrière

Si vous êtes déjà retraité et que vous voulez retrouver une activité rémunérée, optez pour le cumul emploi-retraite ! Vous cumulerez pension et revenu d’activité mais cette dernière ne génèrera plus de droits supplémentaires.

En revanche, si vous êtes en fin de carrière (60 ans), que vous êtes fatigué mais que vous aimez votre métier, optez pour la retraite progressive ! Vous pourrez percevoir un revenu d’activité ET une partie de votre pension de retraite, tout en continuant de valider des trimestres et des points. Autrement dit : vous toucherez un double revenu (salaire + pension) tout en améliorant vos droits retraite futurs.

En amont de la retraite, il est important de bien établir sa stratégie de fin de carrière pour partir au bon moment et avec toutes ses indemnités. Selon le rapport de le Cour des Comptes de 2020, 1 pension de retraite sur 7 versée en 2019 comporte au moins une erreur avec incidence financière. En effet, la complexité de nos systèmes de retraites et la digitalisation totale des démarches de liquidations des droits favorisent les erreurs de routage et les oublis des caisses. Il est donc de plus en plus important de se faire accompagner, et pour cela le cabinet ABRECO* est à vos côtés !

Si vous considérez le passage à la retraite comme un marqueur de vieillissement, souvent dépeint de manière négative dans la société, cela risque d’entacher la vision que vous vous faites de la retraite. Pourtant, chronologiquement et biologiquement, le jour du passage à la retraite n’est pas synonyme de vieillissement, en tout cas pas plus qu’hier par rapport à aujourd’hui. En revanche, c’est un jour symboliquement fort et une étape de vie qui marque l’existence et l’entrée dans une nouvelle catégorie sociale. L’anticipation et la réflexion en amont du passage à la retraite permettent de prendre du recul, et, par la définition des engagements et activités qui font sens pour vous, posent les bases de nouvelles réalisations à la retraite, facilitant ainsi l’acceptation du nouveau statut de retraité.En réponse à un besoin des jeunes retraités français, la frontière travail/retraite est de plus en plus floue. Ces mécanismes brillent par leur modernité, mais pour choisir, il conviendra de bien étudier en amont le « champ des possibles », compte tenu de sa propre carrière. Car chaque jeune retraité a un parcours de vie unique !

Pour découvrir les formules d’accompagnement d’ABRECO, que vous soyez dirigeant ou salarié, rendez-vous sur www.abreco.fr

Références bibliographiques :

[1] https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F13243

[2] https://www.statistiques-recherches.cnav.fr/la-retraite-progressive

[3] https://www.capital.fr/votre-retraite/retraite-progressive-un-bon-moyen-deviter-le-futur-malus-sur-les-pensions-complementaires-1317405

*La création du cabinet ABRECO date de 2008. Il se spécialise dans le chiffrage des retraites et l’accompagnement des dirigeants ou salariés à établir des stratégies de fin de carrière. Cet accompagnement va du calcul des droits jusqu’à l’accompagnement administratif auprès des caisses pour la liquidation des droits retraite. Le bénéfice pour les clients ? une transition anticipée, sereine et un gain financier potentiel à la retraite !

Auteur :

Nicolas Roux

Nicolas Roux

Expert en protection sociale (ABRECO)

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