La pré-retraite n’est pas simplement une étape administrative : c’est une période charnière, de transition, où le changement commence de se faire sentir mentalement, émotionnellement, socialement. Alors que beaucoup se concentrent sur la planification financière (épargne, retraite, législation), la santé mentale est souvent négligée — pourtant elle influence fortement la qualité de vie, le bien-être, et même la réussite de la retraite. Voyons donc l’impact et l’importance de la santé mentale en fin de carrière.
Pourquoi la période de pré-retraite est particulièrement sensible
Voici les principaux enjeux psychologiques et émotionnels à ce stade :
Perte anticipée d’identité professionnelle
Le travail n’est pas seulement une source de revenu : il donne un rôle, une place sociale, une routine, du sens, des relations, une structure. À l’approche de la retraite, beaucoup commencent à se demander : « qui serai-je quand je ne serai plus salarié ? »
Changements dans le réseau social et les interactions
Le travail offre un réseau quotidien : collègues, relations professionnelles, collaborations. Se séparer progressivement de cela peut entraîner isolement, sentiment de perte, voire solitude.
Incertitudes financières & inquiétudes matérielles
Même quand les finances sont globalement bien préparées, le stress lié à la baisse potentielle du revenu, aux coûts de santé ou aux imprévus augmente l’anxiété.
Anticipation du temps libre / du vide
On imagine parfois la retraite comme une ère de liberté totale, mais la transition n’est pas aussi simple : avoir beaucoup de temps libre sans structure ou projet peut devenir déroutant, voire pesant.
Risques de dépression, stress, anxiété
Certaines études montrent que la retraite non prévue ou non désirée, ou lorsqu’elle est subie, provoque des troubles psychologiques.
Effet du « non-choix » ou de la contrainte
Partir en retraite parce que la santé décline, ou parce que l’emploi ne suit plus, ou à cause des obligations administratives légales, plutôt que par un choix positif, augmente le risque de mal-être.
Ce que la recherche montre : facteurs protecteurs et risques
Quelques enseignements clés issus de la littérature :
La planification en amont de la retraite réduit les effets négatifs sur la santé mentale : ceux qui anticipent, réfléchissent à ce que sera leur vie après, font le deuil de certains éléments (statut, rythme, rôle) s’en sortent mieux.
Le soutien social (famille, amis, collègues, associations) est un très bon amortisseur contre l’isolement et la déprime.
Avoir des projets concrets (activités, passions, bénévolat, engagement, loisirs) offre un sens de but, aide à structurer le temps, procure une satisfaction personnelle.
Une bonne santé physique (activité, prévention, mode de vie) favorise aussi une meilleure santé mentale.
Recommandations concrètes pour les entreprises (et pour les personnes
| Action | Description / modalités | Bénéfices attendus |
|---|---|---|
| Programmes de préparation à la retraite | Ateliers, coachings, bilans de vie, sessions collectives avant la retraite pour réfléchir à ses envies, valeurs, projets, et à ce que l’on veut conserver / changer. | Permet de mieux anticiper, de réduire incertitudes, de créer une transition progressive. |
| Soutien psychologique / accompagnement individuel | Mettre à disposition un centre de ressources, un psychologue d’entreprise, une ligne d’écoute, mentorat. | Détecter les signaux tôt, aider à gérer les émotions, les peurs liées à la perte de statut, etc. |
| Favoriser la socialisation et le réseau hors travail | Initiatives pour renforcer les liens sociaux : groupes d’anciens, clubs, bénévolat, mentorat intergénérationnel. | Maintien des connexions relationnelles, sentiment d’utilité, réduction de l’isolement. |
| Planification progressive des tâches, du temps de travail | Permettre des modalités de travail plus flexibles (réduction du temps, missions moins exigeantes), transition douce vers la retraite. | Réduire le stress, permettre aux collaborateurs de s’adapter progressivement. |
| Formation & développement personnel | Encourager la découverte / redécouverte d’activités, de passions, d’intérêts personnels ou sociaux. Offrir des ateliers de pleine conscience, gestion du stress, méditation. | Favorise l’équilibre émotionnel, ressource psychologique, sens de la vie. |
| Communication ouverte & leadership bienveillant | Sensibiliser les managers, les RH aux enjeux mentaux de la pré-retraite. Créer des espaces de discussion, normaliser les peurs, inquiétudes. | Réduit la stigmatisation, permet d’exprimer ses doutes, fait que les personnes ne se sentent pas seules. |
Signaux d’alerte à surveiller
Pour les individus ou les responsables RH, quelques signes qu’il vaut mieux prendre au sérieux :
Changements persistants dans l’humeur (tristesse, irritabilité, anxiété)
Difficulté à dormir ou sommeil non réparateur
Perte d’intérêt pour des activités auparavant agréables
Isolement social, retrait des interactions habituelles
Sentiment d’inutilité, de vide, de perte de sens
Peur excessive face à l’avenir, changements constants d’humeur liés à l’anticipation de la retraite
La pré-retraite est bien plus qu’un moment de fin de carrière : c’est une phase de transformation profonde — identité, relations, rythme de vie, perspectives. Traiter la santé mentale comme un élément central de cette transition permet non seulement d’éviter ou limiter les souffrances inutiles, mais aussi de favoriser une retraite bien vécue, plus riche, plus satisfaisante.
Pour Jubiliz, investir dans la santé mentale de ses collaborateurs en pré-retraite, c’est investir dans la qualité humaine, dans l’engagement, dans le respect, et dans une transition qui laisse une trace positive. La retraite ne doit pas être perçue comme une fin, mais comme l’ouverture d’un nouveau chapitre — avec équilibre, dignité et sérénité.
