Fin de carrière et pénibilité

8 Juil, 2025

La gestion de la fin de carrière ne peut aujourd’hui se penser sans aborder la question de la pénibilité. Alors que la réforme des retraites recule l’âge légal de départ et que la population active vieillit, la question n’est plus : « Comment prolonger les carrières ? », mais « Comment les prolonger dignement, sans aggraver les risques pour la santé ? »

Pénibilité : une réalité sous-évaluée en entreprise

Le travail pénible ne se limite pas aux métiers dits « physiques ». Il englobe aussi les facteurs de risques liés aux horaires atypiques, aux contraintes psychiques, à l’exposition au bruit ou aux produits chimiques, à la répétition prolongée des gestes…

Chiffre clé :
En 2023, selon la DARES, plus de 60 % des salariés déclaraient être exposés à au moins un facteur de pénibilité, qu’il soit physique ou psychosocial.

La loi définit 6 facteurs de pénibilité reconnus dans le Compte Professionnel de Prévention (C2P) :

  • Travail de nuit
  • Travail en équipes successives alternantes
  • Activités en milieu hyperbare
  • Températures extrêmes
  • Bruit
  • Manutentions manuelles de charges

D’autres facteurs, comme les postures pénibles ou les vibrations mécaniques, ne sont plus comptabilisés dans le C2P depuis 2017, bien qu’ils continuent d’impacter la santé.

Des carrières longues + une pénibilité ignorée = un cocktail risqué

Avec un âge de départ à la retraite qui passe de 62 à 64 ans et plus, les salariés exposés à la pénibilité sont particulièrement fragilisés :

  • Leur espérance de vie en bonne santé est plus courte
  • Ils cumulent souvent plusieurs facteurs à la fois
  • Ils présentent plus de risques de désinsertion professionnelle après 55 ans

Étude INSEE :
Un ouvrier a une espérance de vie en bonne santé inférieure de 6,4 ans à celle d’un cadre.

Pour les RH, cela soulève une tension croissante : comment concilier allongement des carrières et prévention de l’usure professionnelle, sans aggraver les inégalités ?

Quelles réponses RH et managériales ?

1. Cartographier les situations à risque

  • Mener des entretiens de seconde partie de carrière
  • Identifier les métiers les plus exposés à la pénibilité
  • S’appuyer sur les indicateurs du DUERP (Document unique d’évaluation des risques)

2. Favoriser la mobilité interne ou l’allègement des postes

  • Créer des passerelles vers des postes moins exposés
  • Mettre en place un temps partiel senior ou un allégement des horaires
  • Valoriser les compétences transférables vers la formation, le tutorat ou l’expertise interne

3. Intégrer la prévention dans la stratégie globale de fin de carrière

  • Développer un parcours senior qui anticipe l’usure professionnelle
  • Inclure la pénibilité dans la politique de Qualité de Vie et Conditions de Travail (QVCT)
  • Former les managers à repérer les signaux d’alerte (fatigue chronique, démotivation, absentéisme…)

4. Mobiliser les dispositifs existants

  • Compte Professionnel de Prévention (C2P) : permet de cumuler des points pour partir plus tôt ou se former
  • Retraite progressive
  • Dispositifs de maintien dans l’emploi (aides de l’Assurance Maladie ou de l’Agefiph)

Bonnes pratiques :
Certaines entreprises du BTP ou de la logistique ont mis en place des binômes intergénérationnels, permettant aux seniors d’assurer un rôle de transmission sans exposition physique excessive.

Ce que Jubiliz recommande

Chez Jubiliz, nous sommes convaincus que la gestion de la fin de carrière ne peut être efficace sans une approche humaine, individualisée et réaliste.

Nous encourageons les entreprises à :

  • Créer un diagnostic personnalisé de la transition retraite
  • Intégrer la parole des salariés dans les réflexions RH
  • Valoriser les parcours, y compris ceux marqués par des contraintes physiques fortes
  • Miser sur l’accompagnement psychologique et collectif, souvent sous-estimé

Allonger les carrières ne doit pas rimer avec prolonger la souffrance au travail.
Les employeurs, les RH et les partenaires sociaux ont un rôle crucial à jouer pour faire de la fin de carrière un temps de reconnaissance, d’aménagement et d’accompagnement, et non une lente dégradation.

👉 Ouvrir le dialogue sur la pénibilité, c’est aussi ouvrir la voie à des solutions nouvelles, plus humaines et plus durables.

Pour aller plus loin :

  • Rapport DARES (2023) sur l’exposition aux risques professionnels
  • Étude INSEE « Espérance de vie en bonne santé selon les catégories socio-professionnelles »
  • Guide de l’Assurance Maladie sur le maintien en emploi des seniors
  • Loi du 14 avril 2023 sur la réforme des retraites et ses impacts

Auteur :

Anthony Gautier

Anthony Gautier

Chef de projet Marketing et Digital

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